La paroisse Saint-François-Xavier a été créée en 1969 par Mgr André Loucheur. De 1950 à 1954, elle était un poste central de la paroisse de Lablé. Ce poste central dépendra ensuite de la paroisse de Ngoro de 1965 à 1969. Mgr Loucheur y enverra ses confrères spiritains comme fondateurs. Il s’agissait des pères FLUC, Réné JOLY. Selon l’esprit de Ecclesia in Africa n.5 et du fait de sa proximité pastorale avec les réalités du peuple Balom, Mgr André Loucheur ira à Deuk en 1977 comme curé, après la renonciation de sa charge épiscopale. La mission d’évangélisation était de haute facture : il fallait sortir Deuk au plus vite de l’enclavement et promouvoir l’émancipation des populations. Il quittera cette paroisse et ce peuple qu’il a tant aimés pour retourner en Europe en 1988. Dès son départ, la paroisse vécut sans curé pendant seize ans. Toutefois, la présence très significative des sœurs du Très-Saint-Sauveur, arrivées vers 1970, aidera à maintenir la flamme de la foi par la catéchèse, l’éducation des jeunes et des enfants et le service de la santé. Elles partiront de Deuk en 2016. Bien d’autres témoins historiques tels que M. Jean Claude MANDJENG ont soutenu le projet du maintien de la foi dans la vie des fidèles.
Des traces historiques d’événements marquants restent indélébiles dans la conscience collective à savoir : l’atterrissage d’un avion à Nyamson avec les premiers vaccins administrés aux populations en 1960 ; le crash d’un avion à Nyamson, suite à un décollage catastrophique et dont les restes sont encore visibles aujourd’hui ; l’ordination du premier prêtre diocésain originaire de Deuk, l’abbé Germain GOEN.
Dès 2004, une nouvelle page de l’évangélisation de cette paroisse fut ouverte. En effet, Mgr Jean Marie Benoit BALA y affectait désormais des curés. Ces prêtres diocésains devaient restaurer et poursuivre l’œuvre d’évangélisation de cette portion du grand Mbam. Il s’agissait des Abbés Dominique MPEBE (2004-2010), Alain Bernard ANGA MBASSOA (2010-2013), Hugues DJONGOUE (2013-2016), Camille ONGON EKENGUELE (2016-2017), Marcellin Richard NTSAGO (2017-2019) et aujourd’hui, Oscar Alain WAM A BEP.
Le territoire de la paroisse Saint François-Xavier s’étend sur tout l’arrondissement de Deuk. Il compte aujourd’hui 15 secteurs répartis en 30 communautés ecclésiales de base (CEB). Il est habité par le peuple balom, jaloux de son riche patrimoine culturel dont les pratiques traditionnelles telles que le gang, l’araignée, sont bien enracinée dans les mœurs sociales. La religiosité de ces Balom en est tellement marquée que la proposition de la pertinence de l’Evangile bave de son enracinement. Bien qu’il existe dans la paroisse des baptisés d’origine bafia, yambassa, sanaga, beti, bamileke, et anglophones, le complexe du traditionnel ou du local demeure la référence mentale de chaque fils du terroir Balom. Cette réalité peut être un facteur limitant pour l’activité pastorale dans la paroisse de Deuk.
En outre, la situation sociale de la ville de Deuk rend indispensable la présence des structures ecclésiales conséquentes dans la pastorale paroissiale. La forte demande adressée au centre de santé tenu par les sœurs le prouve bien. La prise en charge scolaire des enfants de nombreuses familles vivant essentiellement de l’agriculture est tout aussi fortement sollicitée. Ces données sont des indicateurs indispensables pour l’intelligence des défis pastoraux de la paroisse de Deuk. Car la population de ce territoire est composée en majorité des enfants, des adolescents. Et l’arrondissement de deuk est l’un des plus grands producteurs de cacao dans le Mbam et Inoubou. Aussi, compte tenu du faible pouvoir d’achat et de l’étroitesse du marché qui destinent les récoltes à la vente dans les villes voisines, la jeunesse de sa population doit donc être fortement prise en compte par les pasteurs d’âmes qui ont la charge pastorale d’encadrer les familles[1].
[1] Pour y arriver, cela est devenu plus difficile aujourd’hui à cause du chavirement du bac permettant de traverser le Mbam. Par conséquent, il faut faire recours à des pirogues qui sont lentes, couteuses et pénibles. Les denrées de première nécessité sont très chères à Deuk et les populations vivent les difficultés suivantes : l’insuffisance d’ouvrage de franchissement, la présence des grands bourbiers, la chaussée glissante, l’absence de gare routière

